Parfois, on s’attache à un diagnostic : on s’y retrouve, il semble décrire ce qu’on ressent. Parfois, on s’y oppose : il est plaqué sur nous sans explication, on sent que ce n’est pas le bon, etc.

Dans un cas comme dans l’autre, il est important de laisser de l’espace pour questionner les diagnostics : ce sont des catégories mouvantes et arbitraires, qui s’enchevêtrent. L’ensemble des diagnostics qui existent actuellement est le fruit d’une construction.

L’élaboration des diagnostics est politique, comme l’est le fait de poser un diagnostic sur quelqu’un.

Le DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux fait encore autorité, mais il est largement critiquable — et puis s’il était fiable à 100%, il n’y aurait pas 5 versions successives.

D’abord, parce que cela permet d’enfermer des gens contre leur gré dans des conditions déplorables*. Aussi, parce que la psychiatrie reproduit les mêmes biais que le reste de la société : racisme, sexisme, lgbtphobie, validisme, etc. 

Au moment de poser un diagnostic, les psychiatres se fondent sur leur perception et leurs critères d’analyse, bien loin d’une complète objectivité. L’expérience de Rosenhan prouve qu’en réalité, les psy sont loin d’être infaillibles quand iels posent un diagnostic.

L’EXPÉRIENCE DE ROSENHAN

Le psychologue David Rosenhan a mené une expérience pour mettre à l’épreuve la fiabilité du diagnostic psychiatrique.

Il a fait interner des pseudo patient·e·s en psychiatrie, pour voir si iels seraient repéré·e·s, et ça n’a pas été le cas. Ensuite, il a demandé à des psychiatres d’identifier des pseudo patient·e·s dans un groupe qui n’en comportait aucun, et iels ont échoué.

Les diagnostics peuvent être un outil intéressant pour mieux connaître notre fonctionnement, mais ils ne sont pas immuables. Par conséquent, ils ne doivent pas nous enfermer, au sens propre comme au sens figuré.

*Voir le post “l’anti-psychiatrie”