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Il y a des jours comme ça, où je réussis à peine à sortir du lit. Tout mon corps fait mal, tout fait trop de bruit et trop de lumière. Je sens mon cœur palpiter contre mes tempes. Chaque ébauche de mouvement est douloureuse.
Alors je reste au lit, comme engluée.
Allongée dans la pénombre, à la recherche d’une position moins inconfortable. Un tout petit peu plus à droite ? La douleur est lancinante. Je vais tendre un peu la jambe… voilà ! On ne bouge plus. Enfin si, parce que si mon corps est trop immobile, la douleur s’installe partout. Il ne faut pas trop bouger, tout en donnant l’impression de pouvoir bouger.
Allongée dans la pénombre, à traîner sur Internet : il n’y a que ça à faire. Se perdre dans le dédale des réseaux sociaux, entre reels de chiens et reportages pas si intéressants. Accumuler une quantité absurde de savoirs inutiles, scroller de recommandation en recommandation jusqu’aux tréfonds d’Instagram.
Allongée dans la pénombre, à gamberger en boucle. La journée est perdue, selon les standards des autres. Je n’ai pas travaillé, ou fait la moindre activité digne de ce nom. Les boss du capitalisme me jaugent avec désapprobation. La douleur c’est dans la tête, tu pourrais faire un effort.
Les gens racontent un tas de choses, à propos de la douleur et des manières de la surmonter. Les gens n’en savent rien. On peut serrer les dents quelques heures, quelques jours peut-être, mais toute une vie ?
Il y aura toujours cet exemple, de l’ami du cousin de la voisine qui n’a plus mal depuis qu’il a essayé la tisane. Mais moi la tisane, ça me donne envie de faire pipi et de casser des dents.
Oui, la douleur ça rend aigri·e. Vous avez essayé, vous, d’avoir mal en continu pendant dix ans ?
Alors vous pensez bien que le yoga, la natation et la tisane, on en a notre claque. Quitte à donner votre avis, faites au moins en sorte de nous divertir. Monter en haut d’une grue un soir de pleine lune, ou manger huit crêpes la tête en bas. Qu’on s’amuse, au moins.
Aujourd’hui, tout ce à quoi j’aspire, c’est atteindre la cuisine. Le périple est de taille : il faut escalader la douleur jusqu’à la position debout, puis marcher, marcher, marcher jusqu’à destination. Il y a des biscuits au chocolat, et le robinet pour remplir ma gourde. Puis entamer la deuxième partie du trajet, pour atteindre le canapé. Comme une randonnée de 20 mètres à peine.
D’aucuns diraient que j’exagère ; c’est aussi ce que je pense, souvent. Mais bon, ai-je le choix ? C’est la douleur qui décide, forcer ne ferait qu’empirer les choses. Demain tout ira mieux… peut-être.
Alors je patiente, dans la pénombre.
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